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La Maladie d’Alzheimer : Perspectives Thérapeutiques
MOTS-CLES : MALADIE D’ALZHEIMER, TRAITEMENT, INHIBITEUR DE L’ACETYLCHOLINESTERASE,
IMMUNOTHERAPIE

Alzheimer’s disease: Therapeutic perspectives
KEY-WORDS: ALZHEIMER’S DISEASE, TREATMENT, CHOLINESTERASE INHIBITORS,
IMMUNOTHERAPY
Bruno DUBOIS*, Leonardo De SOUZA, Gilles ALLALI, Michel KALAFAT, Marie
SARAZIN

RESUME :
Les traitements de la maladie d’Alzheimer, aujourd’hui, cherchent à compenser les déficits biochimiques
identifiés dans le cerveau des patients. Il s’agit de traitements purement symptomatiques. Pour l’essentiel, ils
cherchent à restaurer le déficit cholinergique. Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase ont montré une efficacité
modeste mais réelle sur les troubles cognitifs, les activités de la vie quotidienne et l’appréciation clinique
globale. Les antagonistes des récepteurs glutamatergiques sont réservés aujourd’hui aux formes plus évoluées.
Les traitements à venir pourraient être curatifs, en agissant notamment sur la cascade amyloïde, qu’il s’agisse
des inhibiteurs des sécrétases β et γ ou qu’il s’agisse de l’immunothérapie. Des essais vont débuter dans les mois
qui viennent ouvrant des perspectives nouvelles.

SUMMARY:

Currently, Alzheimer’s disease has no cure, and although research is investigating the potential for disease-
modifying therapies, treatment remains focused on relieving cognitive, functional, and behavioral symptoms
associated with the disease. Treatment is currently symptomatic, aiming at compensating for the biochemichal
deficits identified in the brain of patients, and include cholinesterase inhibitors and modulators of muscarinic,
nicotinic, AMPA and NMDA receptors. The use of cholinesterase inhibitors is based on the cholinergic
hypothesis which attributes the cognitive deficit seen in AD patients to a reduction in the levels of the cholinergic
neurotransmitter. Cholinesterase inhibitors have shown a mild but significant efficacy on cognitive disorders,
daily living activities and on clinical global impression. The glutamatergic receptor antagonists
are administered in the more advanced forms of the disease.
The treatments to come could be curative by acting specifically on the amyloïd cascade and the tau processing.
The tendency of the Aβ peptide to aggregate, its reported neurotoxicity, and genetic linkage studies have led to
the amyloïd cascade hypothesis of AD pathogenesis. According to this hypothesis, an increased production of Aβ
results in neurodegeneration and ultimately dementia through a cascade of events. Therefore, therapeutic
approaches with the potential to modify the progress of AD include anti-amyloïd approaches such as
immunotherapy, secretase and Aβ aggregation inhibitors, tauopathy approaches such as tau kinase inhibitors
and other pathophysiological approaches such as chelation therapies, under development. The trials that are
ongoing or going to be started in the next months will open new perspectives

*Centre des Maladies Cognitives et Comportementales et INSERM U 610
Hôpital de la Salpêtrière – 47 bvd de l’Hôpital – 75013 Paris
Tirés à part : Professeur Bruno DUBOIS - Hôpital de la Salpêtrière – 47 bvd de l’Hôpital –
75013 Paris
La maladie d’Alzheimer touche 860 000 français et plus de 200 000 nouveaux cas par an sont
diagnostiqués chaque année. Selon les prévisions de l’INSEE, prés de 1,3 million de
personnes seront atteintes d’ici à 2020, soit un français de plus de 65 ans sur 4. C’est la
première cause de dépense de santé chez des français de plus de 75 ans, représentant un coût
annuel de 10 milliards d’euros, loin devant les maladies cardiovasculaires [1]. C’est dire qu’il
est urgent de développer des traitements qui visent à ralentir le processus pathologique lui-
même. Reculer l’âge de début, ne serait-ce que de un an, s’accompagnerait d’une diminution
de la prévalence de 7%, c’est-à-dire de plus de 60 000 patients ! [1] Cet article passe en revue
la prise en charge actuelle et les pistes thérapeutiques de la maladie d’Alzheimer.
Les données scientifiques actuelles permettent de rendre compte des pistes thérapeutiques de
la maladie d’Alzheimer (voir les articles de C.Duyckaerts et JN.Octave). Les lésions
principales consistent en des dégénérescences neurofibrillaires ou DNF (altération de la
structure des neurones, secondaires à une hyperphosphorylation des protéines impliquées dans
le transport axonal, appelées protéines tau) et en des plaques amyloïdes (formées par les
dépôts de peptide amyloïde libéré à partir d’un précurseur sous l’action des secrétases β et γ)
[2].
• les lésions débutent tôt dans la vie, puisqu’à 50 ans la moitié de la population générale
présente déjà des DNF au sein des régions temporales internes. • il existe donc une longue phase asymptomatique qui témoigne de processus cérébraux de compensation maintenant une fonction normale pendant plusieurs décennies. Ainsi, les symptômes apparaissent, en règle générale, tardivement, souvent après 80 ans. Ils résultent de la dégénérescence de système de neurones biochimiquement caractérisés : système cholinergique, glutamatergique, sérotoninergique, somatostatinergique… Les médicaments d’aujourd’hui cherchent à compenser les déficits biochimiques identifiés. Ils sont purement symptomatiques et d’efficacité limitée, puisqu’ils visent à rétablir l’un des anneaux d’une chaîne cassée à de nombreux autres endroits. Les médicaments de demain, en revanche, cherchent à bloquer la cascade biologique en intervenant : • soit sur le processus amyloïde : par l’inhibition des sécrétases ou par désagrégation des plaques amyloïdes déjà formées (« vaccin ») ; • soit sur le processus tau : par inhibition de leur phosphorylation anormale
I) LA PRISE EN CHARGE ACTUELLE

1/ Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase

La lésion massive des neurones cholinergiques du télencéphale basal, impliqués dans le
phénomène de mémorisation, est à l’origine de l’hypothèse cholinergique dans la maladie
d’Alzheimer [3] et du développement des molécules inhibant l’acétylcholinestérase.
Trois médicaments appartiennent à cette classe et sont indiqués dans le traitement
symptomatique de la maladie d’Alzheimer :
• le Donepezil-Aricept (1 prise par jour, à 5 puis 10 mg) ;
• la Rivastigmine-Exelon (2 prises par jour, à 1,5 puis 3 mg, dose qui peut être augmentée
jusqu’à une posologie quotidienne totale de 12 mg) ; • la Galantamine-Réminyl (2 prises par jour, à 4 puis 8 mg, jusqu’à une dose quotidienne totale de 24 mg ; ou sous forme LP avec 1 prise par jour). • Quant à la Tacrine-Cognex, le premier traitement commercialisé, il n’est plus prescrit en raison d’un risque d’hépatotoxicité.
Ces médicaments sont symptomatiques, en ce sens qu’ils n’interviennent pas sur le
mécanisme étiopathogénique de la maladie, mais sur les conséquences de la perte d’une des
classes neuronales affectées : le déficit cholinergique. Outre leur action inhibitrice sur
l’acétylcholinestérase, la Rivastigmine inhibe la butirylcholinestérase et la Galantamine a une
action modulatrice allostérique sur les récepteurs nicotiniques. L’Autorisation de Mise sur le
Marché est la même pour ces trois molécules : maladie d’Alzheimer de sévérités légère et
modérée. Les effets indésirables sont principalement liés à leur propriété cholinergique :
nausées, vomissements, diarrhées, crampes musculaires, bradycardie. Il est recommandé de
faire un électrocardiogramme avant la mise en route du traitement, surtout chez les patients
âgés et d’instaurer le traitement à doses progressivement croissantes.
Efficacité des Inhibiteurs de l’Acétylcholinestérase (IAChE)
L’évaluation de l’efficacité des IAChE doit tenir compte de plusieurs éléments : l’exploitation
des seuls essais publiés ; la diversité des échelles utilisées pour mesurer les résultats
fonctionnels ; le manque d’uniformité dans la présentation des résultats ; le manque de
définition standard des effets indésirables et d’étude de leur impact socio-économique. Enfin
et surtout, la pertinence des échelles reste à démontrer et il est difficile d’estimer le lien entre
significativité statistique et efficacité clinique. Les variables continues employées dans les
essais concernant la maladie d’Alzheimer ont toutes des amplitudes importantes et une petite
variation de score ne doit pas être forcément perçue comme ayant une pertinence clinique. Un
consensus d’experts de la Food and Drug Aadministration, en 1989, a proposé une variation
de 4 points de l’Alzheimer’ Disease Assessment Scale – cog (ADAS-cog) comme pertinente
cliniquement.
Cela dit, plusieurs essais thérapeutiques randomisés en double aveugle versus placebo ont
montré l’effet bénéfique de ces molécules sur les symptômes cognitifs, psycho-
comportementaux et fonctionnels de la maladie. La méta-analyse Cochrane, réalisée sur 13
études randomisées en double aveugle contre placebo de durée de 6 à 12 mois, a confirmé le
bénéfice thérapeutique avec un gain en moyenne de 2,7 points sur l’échelle cognitive de
l’ADAS-cog et de 1,4 points du Mini Mental Status (MMS) par rapport au groupe placebo
[4]. Cette méta-analyse confirme également un effet bénéfique sur le comportement et les
activités de la vie quotidienne. Il n’y a pas de différence d’efficacité entre chacune des ces
trois molécules. Des études ont montré que l’efficacité se maintenait au moins 2 ans, et même
5 ans de suivi en ouvert [5]. Une méta analyse a quantifié l’effet des IAChE dans 16 études
randomisées sur les troubles neuropsychiatriques et dans 18 études sur les données
fonctionnelles [6]. Globalement, elle montre une amélioration sous IAChE de 0,1 écart type
sur les échelles de la vie quotidienne (ce qui reviendrait à prévenir 2 mois de déclin par an
chez un patient type), de 1,7 points sur la NPI (statistiquement significatif). Une méta analyse
[7] a montré que les IAChE ont un effet favorable sur le fardeau de l’aidant et le temps d’aide.
Efficacité des IAChE selon les stades :
Si les IAChE sont efficaces aux stades léger et modéré de la démence de type Alzheimer, leur
efficacité au stade prédémentiel n’a pas été démontrée. Rappelons que les patients qui ont des
troubles cognitifs débutants sont inclus dans un cadre flou et hétérogène : le « Mild Cognitive
Impairment » ou MCI. Les essais conduits dans ce cadre n’ont pas été probants, sans que l’on
puisse dire s’il s’agit d’une absence d’efficacité au stade prodromique de la maladie
d’Alzheimer ou de la dilution d’un éventuel effet significatif sur le processus Alzheimer, liée
à l’hétérogénéité des patients inclus dans le cadre MCI [8].
Intérêt d’un traitement précoce
Il a été montré, pour chacun des IAChE, que dans les essais randomisés en double aveugle
contre placebo, les patients initialement sous placebo puis mis sous traitement ne rattrapaient
pas les performances de ceux qui avaient bénéficié du traitement dès le début [9].

Efficacité au long cours

Dans la mesure où une efficacité de ces traitements a été démontrée, il n’est plus possible de
proposer, pour des raisons éthiques, un groupe placebo dans les essais. Les études d’efficacité
les plus longues, en double insu contre placebo, n’ont duré qu’un an [10 ; 11]. Deux études en
ouvert (?) pendant cinq ans de patients ayant participé aux études initiales avec le Donépézil
[12] ou avec la Rivastigmine [13] ont montré une dégradation cognitive moindre au cours du
temps que celle observée chez les patients non traités. Enfin, un groupe de patients traités par
IAChE suivis pendant trois ans a été comparé à un groupe non traité [14]. Après trois ans de
suivi, le risque d’entrer en institution passait de 40% chez les patients non traités à 6% chez
les sujets traités (RR = 0.33 ; IC 95%), Sans que l’on puisse exclure que cette différence soit
liée à une surveillance et une prise en charge plus étroites.

Que retenir sur l’efficacité des IAChE ?
En résumé, les IAChE ont montré une efficacité modeste mais réelle sur les troubles cognitifs,
les activités de la vie quotidienne et l’appréciation clinique globale. Cette classe
pharmacologique présente également un impact sur les troubles psycho-comportementaux,
notamment l’apathie, les hallucinations, les symptômes dépressifs, l’agitation et l’anxiété.
Cependant, l’effet symptomatique de ces médicaments n’est pas à la hauteur de toutes les
espérances, le système cholinergique ne soutenant pas toutes les fonctions cognitives. Les
effets observés sont, au mieux, une amélioration mais surtout un maintien des fonctions
attentionnelles, de la mémoire de travail et un éveil comportemental pendant quelques mois.
Ils n’empêchent pas la progression de la maladie, même s’ils peuvent en différer
l’aggravation. Les effets indésirables sont généralement contrôlés par une posologie
lentement progressive. Les IAChE n’entraînent pas d’effets indésirables graves.
Une controverse sur l’intérêt de ces traitements a été alimentée par la difficulté d’apprécier
leur pertinence clinique et leur bénéficie médico-économique. Les propositions du National
Institute of Clinical Excellence (NICE) britannique ont jeté le trouble lorsqu’en mars 2005 cet
organisme a recommandé leur abandon car le rapport coût/efficacité était jugé défavorable.
Cette conclusion était fondée en partie sur l’étude AD 2000 [15]. L’étude n’avait pas montré
de bénéfice médico-économique mais, en dépit de ses nombreuses limites méthodologiques,
elle confirmait l’efficacité du traitement sur la cognition. Dans un rapport plus récent de
novembre 2006, le NICE est revenu sur sa recommandation et a préconisé la prescription des
trois inhibiteurs de l’acétylcholinestérase pour les patients à un stade modéré de la maladie,
sous certaines conditions [16].
Quoi qu’il en soit, les IAChE ont modifié l’image de la maladie. Grâce à leur prescription, le
diagnostic est posé plus fréquemment et plus tôt qu’autrefois. Ils ont impliqué les médecins
dans la prise en charge globale des patients et ont ansi généré une meilleure organisation des
soins. Ils préparent, enfin, le terrain pour l’arrivée des traitements futurs. Beaucoup d’espoirs
sont fondés sur les traitements à visée étiopathogénique, dont certains sont en phase III de
développement et, bien entendu, sur la prévention.

2/ Les inhibiteurs des récepteurs glutamatergiques

La Mémantine est un antagonisme non compétitif des récepteurs NMDA dont le mécanisme
d’action reste discuté. Le Glutamate représente le principal neurotransmetteur excitateur du
cerveau. L’activité glutamatergique est associée au concept d’excitotoxicité qui propose que
la mort des neurones puisse être une conséquence de l’activité ou de l’hyperactivité des
récepteurs NMDA. En fait, l’efficacité de la Mémantine n’est pas liée à un effet anti-
excitotoxique mais à un action purement symptomatique dont le mécanisme reste mal connu.
Quoi qu’il en soit, l’analyse Cochrane des essais en double aveugle contre placebo avec ce
médicament en a confirmé le bénéfice thérapeutique sur les fonctions cognitives et le déclin
fonctionnel chez les patients aux stades modéré à sévère de la maladie d’Alzheimer. Le
produit a reçu une AMM pour les patients atteints de maladie d’Alzheimer ayant un MMS <
15 et plus récemment une extension aux formes modérées (avec un MMS < 20), à la suite de
résultats d’une méta analyse de six études de phase III [17].
3/ Critères de choix des différents traitements

En France, il est actuellement recommandé d’utiliser un inhibiteur IAChE en cas de maladie
d’Alzheimer probable aux stades léger à modéré (MMS compris entre 10 et 26) et d’associer
le cas échéant, la Mémantine lorsque le patient arrive à un stade plus sévère (MMS < 20). Les
deux classes médicamenteuses n’ont pas d’interaction in vitro. Elles peuvent être associées.
Un essai thérapeutique en double aveugle contre placebo a montré un bénéfice (modeste) de
la bithérapie pour les formes modérées de la maladie d’Alzheimer [18]. Deux IAChE ont une
indication élargie : maladie d’Alzheimer associée à une maladie cérébro-vasculaire pour la
Galantamine et démence associée à la maladie de Parkinson pour la Rivastigmine.
II) LES FUTURS TRAITEMENTS :
1/ Les perspectives thérapeutiques agissant sur la voie amyloïde
Une des hypothèses physiopathologiques de la maladie repose sur l’hypothèse de la cascade
amyloïde dans laquelle la voie amyloïde pathogène joue un rôle central. Il existe des
arguments en faveur d’un rôle central du peptide β-amyloïde : a) l’analyse des formes
monogéniques, porteuses de mutations autosomales dominantes, sont toutes associées à une
augmentation de la production du peptide Aβ ; b) les patients trisomiques 21, porteurs de trois
copies du gène précurseur de l’amyloïde développent des lésions caractéristiques de la
maladie d’Alzheimer à l’âge adulte ; et c) les données des expérimentations animales chez les
souris transgéniques confortent la neurotoxicité du peptide amyloïde.
De ce fait, plusieurs recherches sont en cours pour essayer d’enrayer la voie pathogène
amyloïde. Trois pistes principales sont à l’étude :
Moduler la production du peptide Aβ:
Le peptide Aβ1-42 est libéré après clivage par la secrétase β puis γ à partir du précurseur de
l’amyloïde (protéine transmembranaire neuronale). La γ secrétase, complexe multiprotéique, est composée de la présélinine, de la nicastrine, de PEN et d’APH-1. Il s’agit donc de développer une molécule qui puisse avoir une action spécifique sur sa fonction catalytique sans agir sur les autres fonctions physiologiques. Une première étude d’un inhibiteur de la γ sécrétase par les laboratoires LILLY a été récemment testée en phase I et semble bien toléré
[19]. Les inhibiteurs de la β-secrétase sont également à l’étude.
Enfin, une autre approche réside dans la stimulation de la voie non pathogène, qui vise à
augmenter l’activité normale de l’α-secrétase afin d’éviter la libération du peptide Aβ 1-42,
potentiellement pathogène.
L’inhibition de l’agrégation du peptide amyloïde, une fois produit :
Il s’agit ici d’empêcher la formation d’agrégat d’oligomères du peptide Aβ, une fois qu’il a
été libéré par clivage des sécrétases β puis γ. Un essai thérapeutique de phase II est en cours
avec l’Alzhemed, un glyco-amino-glycane qui pourrait fixer le peptide Aβ et ainsi empêcher
la formation d’agrégats potentiellement toxiques.
Les ions métalliques Cu2+ et Zn2+ pourraient également être impliqués dans les mécanismes
d’agrégation et de toxicité du peptide amyloïde. Une diminution significative des dépôts d’Aβ
dans un modèle de souris transgéniques a été ainsi observée après 9 semaines de traitement
avec le Cliokinol, qui est entre autre un chélateur de Cu/Zn passant la barrière hémato-
encéphalique. Une étude de phase II / III avec le Cliokinol vient d’être interrompue [20].
L’immunothérapie A-β
• La démarche expérimentale : En 1996, Solomon a montré que des anticorps monoclonaux dirigés contre le peptide Aβ42 inhibent non seulement son agrégation in vitro mais peuvent aussi resolubiliser des précipités fibrillaires de Aβ 42 [21]. L’étude génomique de formes familiales autosomiques de MA a permis d’identifier des mutations particulières du gêne codant pour le précurseur du peptide amyloïde (APP) ; l’une de ces mutations a été exploitée pour créer un modèle murin de MA sur des souris transgéniques. Les souris développent après implantation génomique des plaques amyloïdes et des troubles de mémoire spatiale assez comparables à ceux observés chez des patients atteints de MA. Schenk et col.[22] ont alors immunisé ces souris par un Aβ 42 humain synthétique avant ou après qu’elles n’aient développé des plaques (6 ou 11 semaines de vie) : l’immunisation précoce évitait l’apparition des plaques amyloïdes et l’immunisation tardive en freinait la progression. Il n’y avait pas de complications immunologiques à distance (reins, cœur, etc.) ni de lésions cérébrales adjacentes aux plaques. Janus et col.[23] montraient par la suite une amélioration des performances dans les tâches expérimentales de mémoire, en particulier spatiale, sur les souris vaccinées. Plusieurs mécanismes peuvent expliquer cette réponse favorable chez l’animal: une activation de la microglie par le complexe antigene-anticorps, une solubilisation passive du complexe anticorps-antigène ainsi produit, une mobilisation des dépôts Aβ42 par gradient de concentration vers la circulation systémique. De ces études sur les souris transgéniques naissait l‘idée d’une sérothérapie ou d’une immunothérapie chez des patients souffrant de MA. Cependant rien de permettait de prédire qu'un tel traitement puisse avoir les mêmes effets chez l'homme ; en effet, il n’y a pas chez l’homme de relation topographique entre les PS et la DNF et les souris transgéniques n’ont pas de DNF. • Etudes précliniques : Le groupe de Schenk (laboratoire Wyeth) a ultérieurement testé l’immunogénicité et la toxicité d’un vaccin anti-Aβ42 humain (agrégats d’Aβ42 : AN1792) en injections répétées, sur différentes espèces animales : tenant compte de l’absence d’effet secondaire, le ministère de la santé aux Etats-Unis d’Amérique (FDA) donnait son aval pour une expérimentation
humaine.
• Phase 2 vaccinale
En accord avec différentes agences de contrôle sanitaire, et tenant compte de la bonne
tolérance de ce vaccin dans les études de phase 1 chez l’homme, les laboratoires Elan et
Wyeth s’engageaient sur une étude de phase IIA. Elle avait pour objectifs de tester
l’efficacité, le meilleur dosage et de vérifier la tolérance auprès de patients atteints de MA
légère à modérée. Cette étude internationale débutait à partir de l’automne 2001, aux USA et
en Europe (Angleterre, Espagne, France et Suisse) (dont 10 centres en France); elle était
prévue pour 18 mois, en 6 injections IM à dose unique, en double aveugle contre placebo.
L’efficacité devait être évaluée selon des critères neuropsychologiques et d’imagerie (atrophie
de l´hippocampe en Imagerie par Résonance Magnétique) : 360 patients dont 97 français
étaient inclus.
Mi-janvier 2002, les promoteurs annonçaient la suspension des injections à la suite de 4 cas
d’encéphalite vaccinale chez des patients ayant reçu l’AN1792. Fin février 2002, onze
nouveaux cas apparaissaient (3 pays concernés) et les injections étaient définitivement
arrêtées. Le mécanisme de ces encéphalites sous AN1792 fait intervenir une réponse cellulaire
lymphocytaire T, dont l’origine n’est pas encore établie avec certitude. Même rare, un tel effet
secondaire n’était pas exclu par analogie avec d’autres vaccinations [24]. Il faut espérer qu’il
s’agit d’un problème méthodologique qui sera maîtrisé soit par le recours à des antigènes de
taille réduite soit par l’immunisation passive.
• Conclusion
Ces essais d’immunisation ont ouvert la voie aux thérapeutiques à visée préventive ou
freinatrice ou même curatrice dans la MA. Au stade actuel, l’utilité et la tolérance d’un vaccin
anti-Aβ42 chez l’homme restent à démonter. Cette première déception permettra sans doute
de progresser encore dans la connaissance de l’immunothérapie anti Aβ 42.
La recherche continue…
2/ Perspectives thérapeutiques ciblées sur la protéine tau et les dégénérescences neuro-
fibrillaires

L’hyperphosphorylation de la protéine tau au cours de la maladie d’Alzheimer perturbe la
fonction biologique normale de ces protéines. Cette perte de fonction peut être rétablie par la
déphosphorylation à l’aide de phosphatases. De nombreux sites de phosphorylation ont été
mis en évidence et de nombreuses kinases peuvent les phosophoriler : il s’agit en particulier
de la glycogènes cynthase kinase 3 – β (GSK 3β), la cdc2-like kinase (cdk 5), la signal-
regulating kinase-2 (ERK 2), la microtubule-affinity-regulating kinase (MARK), la protéine
kinase A (PKA) [25]. Parmi celles-ci, les plus étudiées sont la GSK 3β et la cdk 5, au moins
sur des modèles animaux. Mais il n’y a pas encore, à notre connaissance, d’études cliniques
publiées ou en cours sur ces molécules.
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Source: http://www.fondationifrad.ca/images/pdf/perspectives_therapeutiques_09-01-08.pdf

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