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LIBÉRATION JEUDI 19 MAI 2011
et ne rentre au bercail qu’une fois le carnet dépecé. En man- que de liquide, il va jusqu’à vendre le matos de jardin et la PlayStation des gamins sur eBay, quand il ne vole pas leur argent de poche. «Si je tombais sur 20 euros, j’étais le roi du pétrole.» Quand sa femme est au boulot, il fait visiter la mai- son à des promoteurs, et entre deux portes, se précipite sur leur manteau pour recopier les numéros de cartes bancaires.
A écouter le récit de ses conneries, on l’imagine schizo auto- destructeur à la Jim Carrey dans Fous d’Irène. Son double ma- léfique multiplie les délits, et c’est lui qui, dans de brefs accès de lucidité, constate les dégâts et paye les pots cassés.
«Quand j’allais me dénoncer pour les cartes bancaires, les gen- darmes me prenaient pour un cinglé.» Sans blague? Didier Jambart tripote son alliance quand il parle d’hypersexualité, la «pire honte» de sa vie. Dès 12 mg, il se découvre des pul- sions sexuelles incontrôlables, animales. «Cinq minutes avant, je n’y pensais pas et me voilà à poil devant ma webcam ou en quête d’un amant sur le Net.» Il n’en oublie pas l’essentiel: jouer. Quand ses conquêtes passent sous la douche, il leur fait les poches. «J’ai vécu un viol chimique, une pénétration par le médicament.» Requip attaque, et prend le contrôle. Au pre- mier abord, l’excuse semble peu crédible, trop belle. Didier Jambart a peut-être juste pété un câble. Et si le Requip n’était cher les chevaux, envoyer le EN 4 DATES
coup de luxure et d’adréna- 7 octobre 1959 Naissance.
line? «Je comprends que les 2003 Diagnostic de la
gens n’y croient pas, moi, maladie de Parkinson.
j’aurais beaucoup de mal à Prescription de Requip.
croire une histoire pareille», 2005 Arrêt du traitement.
Avril 2011 Le laboratoire
Sa femme a bien tenté de le de sa condamnation à sortir du trou, en vain. «Je lui verser 117100 euros.
maîtrise.” Je me sentais si supérieur au commun des mortels.» Quand il revient sur Terre, il prend le temps de se dégoûter de lui-même. En 2004, il enchaîne huit tentatives de suicide.
Sans émouvoir son neurologue qui s’entête à lui prescrire jus- qu’à 30 mg de Requip, quand GSK, le labo pharmaceutique, admet ignorer les conséquences après 24 mg. Méfiant, il s’ar- rête à 15. Il faudra une énième admission au CHU de Nantes et la rencontre avec le professeur Damier pour mettre fin au cauchemar. «En prononçant ces mots: “Arrêtez le Requip”, il m’a sauvé la vie.» Comme si on avait éteint l’interrupteur, les pulsions cessent brutalement. Le poison, qui coule dans les veines de ce «junkie du jeu», prendra plus de temps. «Pour moi, c’était comme se brosser les dents, sauf que je le faisais plus souvent.» Le 31 mars, GSK est condamné à lui verser Ce militaire soigné pour Parkinson est devenu suractif, 117100eurosdedommagesetintérêts.LetribunaldeNantes accro au jeu et hypersexuel. Il attaque labo et neurologue. l’ajugécoupabled’avoirattendujuin2006pourinscrireles «risques d’addiction au jeu et à l’hypersexualité» à la notice du Requip, alors qu’il savait depuis des années. Maître Jacques- Antoine Robert, qui défend les intérêts du labo, estime qu’il manque «d’éléments pour établir une causalité». Il a interjeté Il en tremble encore appel,confirmantlatenued’unautreprocès.DidierJambart
ne se satisfait pas de celui-ci. Il estime son indemnité entre 200000 et 300000 euros. Déçu que son neurologue ait Par MATHIEU PALAIN
quip. «Je n’ai jamais pigé pourquoi on augmentait la charge. échappé à la condamnation, il a demandé sa radiation à l’or- Photo THIERRY PASQUET. SIGNATURES
Le rendez-vous, c’était dix minutes chrono, le temps de signer dre des médecins de Loire-Atlantique.
le chèque et basta, à dans six mois!» Fin 2004, Jambart bouffe «Plus de 15% des parkinsoniens souffriraient des traitements 12 mg de Requip par jour. Avec la montée en gamme naît la dopaminergiques. On a ouvert la boîte de Pandore», lâche An- lubie du jeu. «Au début, je misais que dalle, puis j’ai basculé.» toine Béguin, son avocat. A force d’éplucher des grimoires Didier Jambart ne sait pas jouer, mais les courses et la roulette de pharma, Jambart s’est fait expert en Requip. Il prépare un DidieretGlaxo,c’estunpeuDavidcontreGoliath.
Pas d’entorse au mythe biblique, le nain gagne à la fin. Pourtant, Didier Jambart ne va pas bien. S’il a donné rendez-vous tôt ce matin, c’est que la fatigue le fascinent. «Au café, les mecs hallucinaient de me voir miser bouquin et va lancer son blog pour «aider les victimes à monter va le gagner et monter crescendo jusqu’au coucher. «Le soir, 500 euros sur un cheval. J’étais incapable de dire s’il avait quatre leur procès contre GSK». Jouer les symboles ne l’effraie pas, je suis à ramasser à la petite cuillère.» A 52 ans, ce cadre à la pattes, mais je m’en foutais royalement.» Car désormais il se il se dit prêt à «combattre le monstre froid» qui a tout anéanti Direction des constructions navales (DCNS), qui s’est vu dé- moque de tout. Il vit sur sa planète, un satellite du pays magi- autour de lui. «Je ne pardonnerai pas, jamais.» Ses amis l’ont lesté de son «habilitation secret défense», conserve l’allure que de Peter Pan où les enfants vivent en éternels insouciants, tous fui, ou presque. Seuls les voisins sont restés, «des gens militaire via une coupe en brosse poivre et sel. Dans l’angle délestés du poids des responsabilités. De Vegas à Gibraltar, en or qui ont fait l’effort de comprendre». Au rythme des séan- de son canapé rouge, il peine à ranger ses mots. La voix, posée il tue ses nuits dans le feutré des casinos virtuels. En silence, ces psy, sa femme et ses deux garçons de 17 et 21 ans se réha- sur un fil, trahit la blessure mal cicatrisée. «Tout a commencé il dilapide 40000 euros d’épargne, héritage et actions Crédit bituent doucement à la vie.
en 2003 quand on m’a diagnostiqué la maladie de Parkinson.» agricole. Pour l’instant, tout va bien.
Voilà trois heures qu’il se raconte. Parkinson agite sa main Au début, il tient une pêche d’enfer. La potion magique, qui A sec, Jambart veut du blé, et vite. «Ça bouillonnait dans ma gauche, il dissimule l’incontrôlable sous sa cuisse, puis lâche, s’appelle Requip, est fabriquée par GlaxoSmithKline (GSK) tête, j’avais le cerveau comme une Formule 1.» En «chien de gêné: «Je me mets à trembler, il faut que je prenne mes médica- et donne un sacré coup de fouet. Démangé par ses mollets, chasse», il traque l’idée de génie qui lui ouvrira les paradis ments.» Six ans après, il reste fragile, «un château de cartes Jambart s’arrache au sommeil pour courir dès 4 heures en du jeu. Les crédits revolving d’abord, puis les arnaques à la qui ne demande qu’à s’effondrer». La manchette racoleuse bord de Loire. Sa femme ne s’en plaint pas. Il a de l’énergie carte bancaire: famille, amis, coéquipiers du club de foot ou d’un tabloïd –«Le médicament qui rend gay?»– ou un spam en stock, une seconde jeunesse et la libido qui va avec. Son collègues de bureau, qu’importent les victimes pourvu qu’el- l’invitant à miser gratis au poker, et le voilà qui replonge dans neurologue, lui, s’inquiète. Il enclenche la seconde, niveau les aient un compte. Quand le retrait hebdomadaire bute au ses idées noires. 2003-2005, deux ans en enfer, et le Requip médocs, faisant passer Didier à 3 mg,6 mg puis 9 mg de Re- plafond, il attaque le casino de Pornic armé de son chéquier, en cerbère. •

Source: http://parkinsonetaddictionaujeu.hautetfort.com/media/02/02/3447528536.pdf

Junjul12_lo_res.pdf

Straight talk with Karen Scrivener on cements, CO and sustainable development Editor’s note: Over the last few years, I have run into a chorus of stories in both the technical and mainstream press bemoaning the carbon diox-ide emissions of the cement and concrete industries. It seemed that the Question: The production “accepted wisdom” was that something was amiss, and the

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